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L’Homme armé est le titre d’une chanson française profane antérieure à la Renaissance. C’est une mélodie extrêmement populaire qui a été souvent réutilisée aux 15ème et 16ème siècle par les compositeurs pour mettre en musique l’ordinaire de la messe. Plus de quarante oeuvres de cette époque portent le nom de « Missa L’homme armé ».
Il existe plusieurs théories quant à l’origine et la popularité de cette chanson. Certains musicologues ont fait l’hypothèse que l’homme armé est l’archange St Michel, et c’est ainsi que le compositeur Johannes Regis (c.1425 – c.1496) semble l’entendre dans son Dum sacrum mysterium/Missa l’homme armé (entre 1462 et 1467), qui utilise la mélodie en incorporant dans l’œuvre d’autres textes musicaux et des éléments de cantus firmus en plain-chant en l’honneur de l’archange.
D’autres critiques pensent qu’il s’agit simplement de l’enseigne d’une taverne de Cambrai, la maison de l’homme armé, qui se trouvait près de l’endroit où habitait Guillaume Dufay.
La chanson pourrait également être un appel à une nouvelle croisade contre les Turcs. On a la preuve que cette chanson avait une importance spéciale pour l’ordre de la Toison d’or1. L’apparition de la chanson coïncide avec la chute de Byzance devant l’empire ottoman en 1453, événement traumatisant pour l’Europe. Des musiciens tels que Guillaume Dufay ont d’ailleurs composé des Lamentations pour déplorer l’événement. Il est également possible que la chanson soit le produit d’une concaténation de ces facteurs, si l’on considère le mouvement d’opinion qui balaie l’Europe du nord et du centre en appelant à une riposte armée contre les Ottomans.
Une théorie récente voit dans la chanson une synthèse du cri de la rue et de l’appel aux armes sonné à la trompette, synthèse qui date peut-être de la fin du XIVe siècle étant donné sa métrique
Dans ce projet la Petite fugue présentera des oeuvres illustrant ce thème sans pour autant se cantonner à la mélodie originelle.
Le programme fera alterner pièces chorales et instrumentales.
ANONYME – 1501« Dit le bourguignon » – Bransle gay extrait de Harmonice Musices Odhecaton, édité à Venise en 1501 par Ottaviano Petrucci |
François-Auguste GEVAERT (1828-1908)« Réveillez-vous picards » chanson soldatesque du temps de Charles VIII – harmonisation |
Jacob OBRECHT (1457-1505)« Rompeltier » extrait de Harmonice Musices Odhecaton, édité à Venise en 1501 par Ottaviano Petrucci Danse sur une mélodie des Pays-Bas [1480 ca.] Rumfeltiere, rumfeldaer, |
Robert MORTON (1430-1479)« Il sera pour vous combattu » quodlibet rondeau à 3 voix (1464) Robert Morton (ou Mourton, Moriton) est un compositeur anglais du début de la Renaissance, principalement actif à la cour de Bourgogne. Très appréciée à l’époque, il laisse uniquement de la musique vocale profane. Compte tenu de l’élimination quasi complète des manuscrits musicaux du XVe siècle en Angleterre, en grande partie par Henry VIII lors de la dissolution des monastères dans les années 1530, il n’est pas surprenant que l’essentiel de la musique de Morton survive dans les sources en provenance du continent et s’il n’a jamais été actif en tant que musicien dans sa terre natale, sa trace est perdue. Huit morceaux ont été conservés, tous des rondeaux à trois voix. L’un des plus célèbres d’entre eux est la première apparition connue de l’air de L’Homme armé, utilisé par de nombreux compositeurs au début de la Renaissance en tant que cantus firmus pour la messe. Cette pièce, un quodlibet, est probablement datable de mai 1464. Elle semble avoir été écrit comme cadeau de départ à destination d’un autre compositeur de la cour, Simon le Breton. |
Pierre PHALÈSE (1510-1575)« La Bataille » – Pavane Pavane extraite de « Premier livre de danseries » édité à Anvers en 1571 par Pierre Phalèse & Jean Bellère |
Christobal de MORALES (1500-1553)Kyrie extrait de la Messe « L’Homme armé » à 5 voix – Opera omnia. Tomo I. Missarum liber primus (Roma, 1544) Compositeur espagnol, il reçut une éducation très complète (ses préfaces dénotent une excellente connaissance du latin). Maître de chapelle de la cathédrale d’Avila de 1526 à 1530, il fut ensuite, grâce à l’intérêt que lui témoigna le pape Paul III, ténor de la chapelle papale à Rome de 1535 à 1545. Cette situation lui permit de faire entendre sa musique aux grands de ce monde, tant à Rome qu’hors d’Italie. C’est ainsi qu’à Nice, pour célébrer la trêve conclue entre François Ier et Charles Quint par l’intermédiaire du pape Paul III, Morales fit exécuter par ses chanteurs un motet d’amples dimensions, Jubilemus omnis terra. De retour en Espagne, il devint maître de chapelle à Tolède, mais, malade et endetté, il donna sa démission deux ans plus tard. Il accepta en 1551 un nouveau poste de maître de chapelle, cette fois à Malaga, mais demanda rapidement à reprendre ses anciennes fonctions à Tolède. Il mourut avant d’avoir pu obtenir satisfaction sur ce point.
Cristobal de Morales est le premier compositeur espagnol de musique sacrée à avoir atteint une renommée européenne, et même internationale (sa musique fut jouée en 1559, au service commémoratif de la mort de Charles Quint). Ses œuvres font la synthèse de la technique polyphonique franco-flamande et de la musique espagnole populaire et savante. Son style se rapproche de celui de Josquin des Prés, auquel il rendit hommage en paraphrasant la chanson Mille regrets dans la messe du même nom. Sa musique, éditée aussi bien en Italie (à Venise chez Scotto et Gardane) qu’en Espagne, influença de nombreux compositeurs de la péninsule, parmi lesquels son élève Francisco Guerero.
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Pierre PHALÈSE (1510-1575)« La Bataille » – Gaillarde Gaillarde extraite de « Premier livre de danseries » édité à Anvers en 1571 par Pierre Phalèse & Jean Bellère |
Mateo FLECHA (1481-1553)« La Guerra, sigan los Buenos Soldados » Compositeur du Royaume d’Aragon surtout connu pour ses ensaladas. Flecha est surtout connu comme compositeur d’ensalada (littéralement « salade »), une œuvre pour quatre ou cinq voix écrite pour la distraction des courtisans dans le palais. Les ensaladas sont souvent un mélange de langues : espagnol, catalan, italien, français et latin. L’ensalada (littéralement salade en espagnol) est un genre musical polyphonique. Cette musique mélange dans un même morceau différents styles musicaux, langues ou onomatopées. |
ANONYME – 16ème siècle« La Cornetta » – Pavane |
Chanson anglaise de la guerre de cent ans« Do Way Robin – Sancta mater gratiae » pour choeur de femmes – (1300-1350) |
Adriano BANCHIERI (1568 – 1634)« Fantasia Quinta » – Canzone pour 4 instruments extraite de « Fantasia overo Canzoni alla Francese » édité en 1603 |
Claudio MONTEVERDI (1567-1643)« Altri canti di Marte e di sua schiera » Madrigal extrait du Livre 8 « Madrigaux guerriers et amoureux » Le terme de « Madrigal » désigne une pièce vocale polyphonique sur un texte profane. Ce genre, d’origine poétique, s’est développé en Italie à deux époques successives. Né au XIVe siècle dans l’Italie du Nord, à Florence, il tombe en désuétude au XVe siècle pour renaître au XVIe siècle, époque du plein épanouissement de l’humanisme et du regain d’intérêt pour la poésie profane. Il devient alors une composition vocale raffinée à 4, 5 voix ou plus, avec ou sans accompagnement instrumental, forme idéale pour exprimer les affects ou les passions (dans le sens qu’en donne Descartes). La musique prend une nouvelle fonction, celle de rendre l’expressivité du poème, d’en souligner les nuances, les traits descriptifs. Les Madrigaux des 4 premiers livres restent encore « classiques » : 5 voix harmonisés dans une écriture contrapuntique. |
William BYRD (1539 -1623)« La Volta » |
Thomas RAVENSCROFT (1582-1635)« We be soldiers three » extrait de « Deutronomelia » (1609) |
Tobias HUME (1569-1645)« Soldiers resolutions » extrait de « The First Part of Ayres, French, Pollish and Others or Captaine Humes Musicall Humors » édité en 1605 |
Giacomo CARISSIMI (1605-1674)« Agnus Dei » à 12 voix extrait de la messe « l’homme armé » Qui n’a pas écrit sa messe de L’homme armé entre 1450 et la fin du 17ème ? Dufay, Ockeghem, Busnois, Josquin, Palestrina, et enfin Carissimi qui est le dernier, tous ont repris les thèmes initiaux de la chanson populaire du même nom. |
Marc Antoine CHARPENTIER (1643-
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Marc Antoine CHARPENTIER (1643-
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Marc Antoine CHARPENTIER (1643-
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Jean Sébastien Bach (1685-1750)« Dona nobis pacem » extrait de la Messe en si mineur – BWV 232 – composé en 1733 La Messe en si mineur est essentiellement composée d’un assemblage de diverses pages puisées dans différents ouvrages antérieurs du compositeur et réécrites par lui selon le procédé dit de la parodie (au sens ancien du terme : « texte composé pour être chanté sur une musique connue »1 à l’avance). Seul un tiers de l’œuvre environ consiste en compositions « originales ». La parodie est un processus relativement courant chez Bach, comme d’ailleurs chez maints compositeurs de l’époque, car c’était souvent la seule manière de donner à entendre de nouveau des pièces que leurs auteurs estimaient particulièrement réussies. Gloria : La louange s’ouvre avec l’orchestre au grand complet, laissant entendre trompettes et timbales dans un rythme ternaire enjoué que rien ne semble pouvoir altérer. Cette louange est brutalement interrompue sur les mots « Et in terra pax ». Ici, la condition humaine reprend la main sur la musique avec l’anticipation de l’attaque du motif et les soupirs induits pas les croches liées par deux. Cet appel à la paix est pour Bach un combat, un processus long et difficile, une aspiration fiévreuse qu’il met en musique à travers une longue fugue qui ne laisse que peu de place à l’apaisement. |